Quelques classiques de l'Internet dans cette page,
plus de nombreuses histoires
rencontrées sur le Net et éventuellement
traduites ou corrigées des erreurs de frappe par votre
serviteur. Voir bibliographie
pour les détails.
Cette page ne demande qu'à être
complétée par vos
expériences. Écrivez-moi !
NoosLa hotline de Noos (anciennement Cybercable, fournisseur française de liaison soit-disant rapide par le câble) est connue pour sa redoutable incompétence (comme le reste de la boîte d'ailleurs), que ce soient les hotlines par mail ou chat, spécialistes des réponses automatiques et de la langue de bois copiée-collée, ou l'assistance téléphonique à 0,15 ¤/minute. (Plus de renseignement sur le site de l’ association des clients Luccas et sur la liste de diffusion des utilisateurs.) Petite anecdote : Le
vendredi 6 octobre je tel pour avoir mon login
administratif, ils me disent qu’ils m’appelleront,
mais comme je ne
reste pas
près du tél toute la journée
à attendre leur appel
je leur demande de m’envoyer un mail.
Rapporté par sybarite100, liste cybercable, 18 octobre 2000 Le
dernier guignol que j’ai eu a quand même un peu
d’humour : Rapporté par Denis Ducamp, 18 octobre 2000 De : Monique Neubourg <adresse@supprimee.sur.demande>
Il y a une dizaine de jours, j’ai appelé la hotline pour ma télé (numérique). Je ne recevais pas (ou si mal) quelques chaînes (Festival, Mezzo, Odysée...) et toutes les radios du groupe Radio France. Il s’agit des fameux gels/sauts d’image et de son, quand pas l’écran bleu demandant de rappeler le service client dont parlait Max ici-même. Le premier mec sur qui je tombe m’explique que c’est normal que les images et les sons arrivent un peu en vrac vu que ça nous est transmis par satellite. Les bras m’en tombant autant que les mots, je lui dis poliment au revoir (faut jamais tenter de raisonner les grands délirants) et je décide de rappeler plus tard. Ce que je fais, au bout de quelques jours
(j’avais
eu besoin d’un sas
de décompression avec l’histoire des images/sons
qui
arrivaient dans
le désordre à cause du satellite). Là,
j’ai affaire à
une spécialiste. La dame n’hésite pas
une
seconde, elle est formelle.
Il faut que j’intervertisse mes prises Péritel,
voire
même, si
j’en ai des neuves sous la main, que je rebranche tout avec
les neuves.
Je
m’exécute avec les vieilles, vu que des neuves,
j’en manque
en ce moment,
on les a toutes fumées quand le câble ethernet est
venu à manquer.
La dame, pas rebutée par cet échec, me suggère d’aller au plus vite en acheter des nouvelles, car là est la solution à mon problème. Un peu interloquée, je lui demande si par hasard, ce ne serait pas un problème de signal, car l’année dernière, dans mon ancien appartement, j’avais eu les mêmes soucis mais avec la série des Canal, Comédie etc. Et que ça s’était réglé hors Péritel. Absolument pas, assène l’impertubable. Mais vous me dites que vous avez déménagé ? C’est récent ? Alors sans doute que l’arrière de votre télé a été endommagé, précisément là où se connecte la prise péritel, et donc, si les prises péritel neuves ne marchent pas, il suffit de faire venir un dépanneur télé qui réparera le bidule qui que bla bla... Je lui demande si toutefois, avant que je me lance dans des achats peut-être inutiles et coûteux, s’il ne lui serait pas possible de m’envoyer un technicien pour faire des mesures. Me sentant radin (forcément, à un balle la minute, j’avais déjà dépensé avec elle de quoi rembourser une partie de la dette du Tiers Monde), elle me prévient que si un technicien se déplace pour des prunes, ce sera pour ma pomme. Alors, si après tout ce que j’aurais fait et acheté, si ça ne marche toujours pas, Noos me remboursera, n’est-ce pas ? Certainement pas Madame, c’est à votre charge. Je tente une feinte toutefois pétrie de logique : pouvez-vous m’expliquer pourquoi mes Péritel déconneraient avec Festival, Odyssée et les deux autres et pas avec Teva, Paris Première et Euronews ? Je ne sais pas très bien ce qu’elle a avancé comme fumisterie, l’adrénaline commençait à faire parasite. Mais elle a clairement affirmé qu’un problème d’image et de son, c’est Péritel (au moment où j’écris ces lignes, un copain qui fait de la musique avec des ordinateurs, et ensuite des images avec cette musique s’étouffe, paraît que Péritel c’est pour l’analogique et pas le numérique, je lui laisse la responsabilité de ses propos). Je marchande encore mollement, elle part se renseigner, revient 6 ou 7 francs plus tard me dire que c’est bien Péritel, y a pas photo. J’ai dit au revoir, regretté de ne pas avoir noté son nom, pris un grand verre d’eau (le Coca même Light aurait pu m’être fatal) et j’ai rappelé quelqu’un d’autre. On m’a envoyé un technicien. Il a testé, puis a bricolé un truc en 5 minutes dans le répartiteur. Depuis ça marche très bien. Et je n’ai même pas eu à euthanasier mes vieilles prises Péritel. Monique (Le technicien qui est passé m’a dit que ce genre de problèmes arrivait souvent avec la hotline) |
Dialogue réel (?) à la hotline de WordPerfectAuthenticité douteuse ; traduit de l’anglais « Ridge Hall computer assistant ; que
puis-je pour vous ? Dialogue à la hotline d’une entreprise publique française(Cette histoire est authentique et de première main ; pour protéger l’informateur et la réputation dudit organisme, toute référence à qui que ce soit a été supprimée.) Préambule :
Mon plus gros problème est de leur faire lancer le programme de prise de contrôle qui n’est pas permanent. Début de
l’appel : 16:45
Épilogue :
Fin de l’appel : 17:15
Où est mon curseur ?De première main (merci Stef) : Vu dans un service de support téléphonique : La secrétaire appelle : « Je vois
plus mon
curseur de souris ! » La secrétaire :
La secrétaire :
La secrétaire :
Mon neuneu est un power userDiffusé sur la
liste
Bruit le 8 février 1999,
N’importe quel jour que le dieu des neuneu béni, tôt le matin. Mon neuneu est sous WNT4 workstation parce que 95 c’est pour les petits joueurs et demande : « Dis tu ne pourrais pas me repasser
le CD d’office
97 parce que quand
je veux faire des graphiques avec Excel, je ne peux pas les faire,
alors je vais réinstaller.
Beaucoup plus tard : « Dis tu ne pourrais pas faire
quelque
chose ? Je suis trèsembêté.
Vrai dans les moindres détails, bien
évidemment. De la même source et de première main également : Mon neuneu ne se laisse pas impressionner par le hardDialogue entre deux éberlués : « Fait chier cet onduleur depuis
qu’il
est coupé il n’arrête
pas de biper. C’est peut-être pour ça
que le PC ne
veut plus démarrer.
Mon neuneu fait sa connectique lui-même : « Il faudrait faire un appel
à la
maintenance j’ai des problèmes
avec mon clavier ça bipe au démarrage.
(*) Ri-gou-reu-se-ment authentique. Mon neuneu est dans les sphères décisionnelles : « Il faudrait installer des serveurs
DHCP.
Toujours issu de la liste Bruit : Moi :
« C’est toi qui viens de
rebooter la station ? Il etait censé être informaticien. Martine(directement de l’auteur) Au sein d’un grand groupe français, j’ai développé un logiciel de type « carnet d’adresses » pour les commerciaux. J’assure la maintenance et la hot-line de ce logiciel. Ma cliente « préférée » était une assistante commerciale que j’appelerais Martine pour préserver son anonymat. Appel n°1 : « Bonjour, ici c’est
Martine.
Appel n°2, 3 jours après : « Allô, c’est
Martine.
(Plus tard, les responsables de la salle informatique m’ont dit que Martine les a appelé trois fois pour leur dire qu’elle ne pouvait pas lire ses fichiers Word.) Appel n°3, 2 semaines après : « Ici, c’est Martine.
Appel n°4, 2 heures après : « Allô, c’est
Martine, j’ai un problème
avec les étiquettes.
Batterie de portableEntendu au helpdesk d’une grande
boîte, en
communication avec un utilisateur
de Thinkpad :
McGyver Un client (sans doute McGyver) : Antoine, formateurDe première main (merci Antoine !) La première se passe lorsque j’étais encore un formateur débutant, lors d’un stage d’initiation Word au ministère de la Culture. Une stagiaire, la cinquantaine farfelue, m’appelle pour un problème, et s’arrête en plein milieu de sa phrase. « ...Aah bah ! Même la souris ne marche plus maintenant ! » Bien sûr, elle déplaçait l’instrument sur un plan horizontal imaginaire, un mètre au-dessus du tapis. On m’avait bien dit que cela arrivait de temps en temps, je n’avais pas voulu le croire mais j’étais prévenu. Donc, sans me démonter, je lui demande de retourner sa souris (une petite démonstration vaut mieux qu’un long discours). « Retourner ma souris ? Elle la retourne, découvre la boule, comprend le problème, rigole et s’étonne : « Ah ! je croyais que c’était magique ! » La seconde se passe deux ans plus tard, je croyais qu’on m’avait tout fait à propos des souris : la prendre de travers, la lâcher pour faire clic, crisper l’index sur le bouton jusqu’à ne pas pouvoir traverser l’écran sans déplacer des morceaux de texte au passage, etc. Ce n’était cette fois-ci pas un stage, mais un cours particulier que je donnai à la mère d’un ami. Je précise que son mari est ingénieur commercial chez IBM. Elle apprenait bien, avec juste un problème, elle avait beaucoup de difficultés pour le double-clic, qui lui demandait visiblement beaucoup d’efforts. Je lui refais une démonstration, elle m’observe très attentivement, et me demande : « Mais en fait, pour cliquer, tu appuies juste sur le bouton avec ton doigt ? » Non, vraiment, il n’y a pas de périphérique intuitif ! Elle avait vu son petit-fils de trois ans jouer furieusement sur un portable équipé d’un gros trackball rouge vif... et donc elle donnait un coup de paume à la souris à chaque clic. Allez, une dernière qui me revient à l’esprit et qui remonte à 1992. Avant d’être formateur, j’étais « moniteur » dans les salles de libre-service informatique d’une grande école censée former « la future élite française »... Ma collègue de la salle d’à côté arrive, me dit : « Écoute, j’en ai une qui est furieuse, j’ai déjà eu des problèmes avec elle, tu ne veux pas t’en occuper ? » Je vais voir la furie, qui a travaillé toute l’après-midi sans enregistrer une seule fois, et qui a évidemment quitté Word sans enregistrer non plus. J’essaie de la refroidir un peu : « Quand vous avez quitté
Word, il vous a bien proposé
d’enregistrer ? J’examine le poste, il n’était pas réglé pour faire des sauvegardes automatiques, et Word a nettoyé tous les .TMP à la fermeture. Je tente un Undelete désespéré et inutile. « Écoutez, je suis
désolé, mais il n’y a vraiment plus
rien. Elle se tait, ramasse son sac et sort de la salle sans un mot. Ma collègue arrive, rigole un peu et me dit : « Comment, tu ne sais pas qui c’est ? Elle est prof d’informatique ici ! » (NB : cours d’info = cours de Word et Excel) Icônes dégueulassesClient :
« C’est quoi toutes ces saloperies
là que vous m’avez
mis sur mon ordinateur. Je pars une semaine et quand je reviens y a
des icônes dégeulasses sur mon
écran !
Le modemH : « Vous cliquez sur “suivant”.C : Mais là, je ne dois pas sélectionner mon modem ? H : Si madame, qu’y a-t-il de marqué ? C : xxxx H: Bien, vous cliquez sur la triangle pointe en bas et sélectionnez “USR v90”. C : C’est fait. H : Pourquoi avez-vous racheté un modem, l’autre ne marchait pas ? C : Ah bon, j’avais un modem ? H : Oui madame :-) Mais rassurez-vous, c’est un modem interne qui ne fonctionne pas très bien, vous avez bien fait. » Histoires de support technique sur Mac(trouvé sur Slashdot, 12 septembre 2001, auteur anonyme, traduit par votre serviteur) Dans un premier appel, j’avais
trouvé que
la cause de leurs problèmes
était que le disque dur était plein. La personne
qui avait
appelé n’était pas d’accord,
j’ai donc
« tombukté » sur
la machine et leur ai montré que le disque était
plein. (même source que la précédente) Le second utilisateur était une personne qui gardait tous ses fichiers dans la poubelle. Quand je lui demandai pourquoi, il dit : « De cette manière ça ne prendra pas de place sur le disque ! ». Je lui expliquai qu’en fait si et qu’en plus c’était bizarre de garder tous ses fichiers dans la poubelle et courir le risque qu’un autre utilisateur de l’ordinateur viderait la poubelle et effacerait leurs fichiers. L’utilisateur admit : « Oui, c’est déjà arrivé plusieurs fois. » DiversClient : « Allô, ça marche pas ! (étrange......) Hotline : Oui monsieur XXX, qu’y a-t-il sur votre écran ?? C : Un pot de fleur. H : Monsieur, quand je disais dessus, je voulais savoir ce qu’il y avait d’écrit. C : Toshiba ..... H : (C’est pas gagné ..............) » Client : « Bonjour,
j’ai mon
Nescafé qui ne marche pas...
Hotliner : «
Décrivez-moi votre écran. C’est un client qui désire utiliser
Internet. Au
bout de 30 minutes
il s’énerve et demande un moyen pour se former. Client : « Ça me
met “nom d’utilisateur ou mot de passe
incorrect”.
Client : « Bonjour,
j’ai un
problème de mail. Client : « Bonjour, comment
on
efface l’historique SVP ? Client : « Bonjour, mon
fils a
pris un abonnement chez vous, mais
je n’ai pas le mot de passe pour me connecter... Il a 13 ans
et
j’aimerais bien aller voir Internet. Hotliner : « Double-cliquez
sur
le Poste de travail SVP. Hotliner : « Double-cliquez
sur
le poste de travail.
Hotliner : « Monsieur,
faites
control+alt+suppr. Client : « Mon disque dur
est
fêlé ! Forum: Linux.Installation I’ve tried to install this linux crap
about nearly five times,
but everytime it stops with the error message:
“login:” Une cliente appelle le support technique, furieuse, et
leur
dit :
Une
personne appelle la hot-line pour installer un modem, car elle
n’y
connaissait rien.
« Allô, le service
informatique ? Je vous appelle parce que mon
clavier ne marche plus. Je viens juste de le nettoyer... C’est un gars qui appelle le service
technique : |
Formulaire en cas de problème informatiqueSi vous êtes un technicien en informatique et
avez
à aidé, de
temps en temps, des usagers qui ont des problèmes, vous avez
sûrement
remarqué que vous vous faites souvent déranger
pour rien.
Rapport de problème informatique
Les tarifs des Administrateurs système
Les
règles du support
|
Coup de bluesUne journée dans la vie d’un IS : chronique de la haine ordinaire.(Jean-Denis Carretero)
Lorsqu’on me demande quel est mon métier il m’arrive de plus en plus souvent de répondre « je suis dans l’informatique ». Cette vague formulation a au moins le mérite de m’éviter la lueur de haine méprisante qui apparaît instantanément dans l’½il de l’interlocuteur le mieux disposé au simple énoncé de mes coupables occupations. Je suis lâche. La prochaine fois je répondrai tueur à gages ; le relâchement des m½urs étant ce qu’il est, cela devrait moins choquer. C’est un métier gratifiant à bien des points de vue, c’est vraisemblablement le seul où le néophyte total, celui qui vient d’ouvrir son premier carton d’ordinateur se sent en mesure de vous expliquer votre métier dans le quart d’heure qui suit le montage de sa bécane. À ma connaissance conduire une voiture ne transforme personne en mécanicien, pas plus que raboter une porte ne fait de vous un ébéniste, mais taper sur un clavier fait de tout un chacun un informaticien. On n’arrête pas le progrès. N’allez surtout pas croire que je veux garder pour moi les clés du savoir et en tenir éloigné le vulgum. Que je regrette le temps où les ingénieurs systême détenaient le pouvoir abrités derrière leurs incantations absconses. Nenni. Bien au contraire, étant d’un naturel assez paresseux, pour ne pas dire d’une fainéantise crasse, je préfère de très loin un utilisateur qui se débrouille sans moi. Mais je reste persuadé qu’informaticien c’est aussi un métier. Par contre je regrette - parfois - le temps où le métier consistait à surveiller un Vax, ceux qui ont connu cela savent à quel point c’était reposant, ou alors à rebooter une station Unix tous les trente-six du mois pour justifier son existence. Avec l’arrivée des PC et surtout de Windows nous sommes entrés de plain-pied dans ce que l’on pourrait appeler l’ère du Chapelier Fou, c’est-à-dire l’irruption de l’irrationnel dans ce qu’il a de plus poétique et de moins maîtrisable au beau milieu d’un monde jusque là bien tenu. En vertu d’un darwinisme élémentaire il a bien fallu s’adapter. Aujourd’hui être IS dans le monde merveilleux de PetitMou, c’est être un hybride monstrueux, un mélange aussi subtil qu’indéfinissable de chaman, de Menie Gregoire, de Dédé-la-Bricole, de Bobologue, de charlatan et de psychopathe. Je ne remercierai jamais assez Bill Gates pour avoir transformé un métier relativement terne et basé sur une approche bêtement technique et rigoureuse des faits, en challenge quotidien, nécessitant une remise en question permanente à l’échelle du quart d’heure. Quoi de plus stimulant sinon de savoir que résoudre un problème ne viendra en aucune facon enrichir ce qu’il est convenu d’appeler l’expérience, puisque le même problème nécessitera lorsqu’il se posera à nouveau une solution radicalement différente. On évite ainsi la sclérose intellectuelle consécutive aux automatismes. Résoudre un problème nécessite une imagination à côté de laquelle le récit d’un trip sous champignons hallucinogènes pourrait passer pour le compte-rendu de l’assemblée générale des actionnaires de la Société Nouvelle des Aciéries Mouchabeuf. Le cartésianisme n’est pas un atout mais un grave handicap vous empêchant d’aborder les hypothèses les plus farfelues. Et il faut bien cela quand après avoir éliminé les causes raisonnables de dysfonctionnement vous êtes amené à envisager le reste, qui se situe généralement tout de suite entre les histoires de petit lutin et la quatrième dimension. La seule chose que je me refuse encore à pratiquer c’est l’imposition des mains et le voyage à Lourdes, plus par réaction de mécréant que par doute quant à l’efficacité des méthodes en question. Je sens qu’avec l’arrivée de Windows 98 il va me falloir opérer une révision déchirante quant à mes convictions profondes. Quand je pense que certains recherchent les paradis artificiels, et que l’on me paye pour être en état perpétuel d’hallucination. La vie est bien injuste, allez. Tout cela serait finalement bien monotone s’il n’y avait l’utilisateur, car il existe l’utilisateur, c’est vous et moi. Victime d’une intoxication à l’échelle planétaire, d’un gigantesque et collectif lavage de cerveau il s’imagine qu’il va pouvoir tirer quelque chose de sa bécane, être productif, voire même dans les cas les plus graves envisager un retour sur investissement. Aujourd’hui l’utilisateur perverti par des slogans pernicieux du style « Jusqu’où irez-vous ? » exige que ça marche, et c’est bien là où tout se gâte, le décalage entre cette légitime attente et ce que l’illuminé de Redmond est capable d’apporter me déprime. « Jusqu’où irez-vous ? », jusqu’à l’asile le plus proche sans doute. Comment voulez-vous qu’un truc qui est à un systeme d’exploitation ce que Mireille Mathieu est à Édith Piaf, ce bricolage improbable écrit avec les pieds par une nuée de pervers schizoïdes puisse fonctionner ? Le mensonge le plus grossier colporté par les sectateurs microsoftiens est celui selon lequel un PC convenablement équipé de l’inénarrable Windows et du fourbi Office dont j’ai oublié le millésime car il change en permanence, fonctionnerait seul et sans assistance. Le récit d’une journée ordinaire au royaume du Chapelier Fou contredit quelque peu cette idyllique vision du meilleur des mondes possible. Ce doit être une questionde numéro de version, sans doute. Mardi 8 heures Le calme avant la tempête, je peux l’esprit en repos me consacrer à un projet qui me tient à coeur ; émuler une calculette quatre opérations sur un Vax de la serie 8000. Je tenterai l’inverse des que j’aurai mené à bien cette partie. Mardi 9 heures Un premier coup de téléphone laconique, « Tu peux venir jeter un coup d’½il, mon PC est bloqué », sous cette apparence anodine peut se dissimuler le cauchemar le plus absolu, les raisons qui peuvent amener un PC à se bloquer sont légions, la première étant d’appuyer sur le bouton « marche ». Je suis d’autant plus inquiet que mon client est un dingue de la vitesse. C’est un peu l’équivalent du chauffard, il parle de bus AGP là où les autres parlent de carburateur double corps, mais la démarche est la même, aller le plus vite possible en semant la terreur sur son passage. Profitant d’un instant d’égarement de son chef de service il a réussi à se faire payer le dernier Pentium à 333 Mhz, ce qui lui permet de gagner cinq secondes sur la mise en page de sa feuille de calcul. C’est comme on le voit une avancée considérable à la mesure de l’investissement consenti. Je le trouve un peu déprimé car on annonce déjà le Pentium à 400 Mhz ou plus et il contemple avec amertume ce qu’il considère déjà comme l’équivalent d’une caisse à savon. J’essaye de le réconforter en lui disant qu’avec la bête qu’il possède il devrait éviter d’ouvrir deux fenêtres en même temps pour ne pas faire de courants d’air. Une boutade bien innocente, c’est le côté Ménie Grégoire de la profession, mais je sens bien qu’il n’y croit pas. Les grandes douleurs sont souvent au-delà des mots. Mais revenons à nos moutons, PC bloqué. Effectivement passé le démarrage tout ce que nous obtenons c’est un sablier désespérément figé, je suis tenté de répondre que c’est parfait pour faire des ½ufs à la coque mais quelque chose dans son air égaré me dit que je ferais aussi bien de me taire. C’est alors que j’envisage du coin de l’oeil un CD-ROM offert par PC Truc « Mesurez les performances devotre PC », eh oui ça ne sert à rien d’aller vite encore faut-il pouvoir l’exprimer en Business Graphics, WinMark 98, High End Disk WinMark98 et autres CPUMark32, c’est requis pour humilier à l’heure du café les ploucs avec leurs Pentium 133. Je lui demande si par le plus grand des hasards il n’aurait pas monté ce truc-là sur sa machine, je connais la réponse. Il est d’ailleurs mentionné en tout petit sur le CD que l’installation de cette suite de tests devrait être effectuée sur une machine quasi vierge et pas sur un système normalement opérationnel, « cela pouvant provoquer des dysfonctionnements ». Des « dysfonctionnements », tu l’as dit bouffi. Diagnostic ; je t’envoie quelqu’un pour te remettre un système d’équerre celui-ci étant parti en villégiature à la campagne, pour une durée indéterminée. Rendez-vous est pris pour la parution du prochain CD de tests de PC machin. Au suivant. Mardi 10 heures Juste le temps de constater le plantage d’un serveur NT. Quelqu’un a vraisemblablement éternué devant, c’est très sensible comme système. Bon, reset, redémarrage, la routine quoi. Deuxième coup de téléphone « Tu n’aurais pas cinq minutes des fois, il se passe parfois des choses curieuses sur ma machine ». Connaissant mon correspondant la seule chose curieuse dans tout cela c’est le « parfois », il est stupéfiant que ce ne soit pas « toujours ». C’est qu’il s’agit de la variété dite de « l’esthète taquin », épouvanté par l’uniformité il a installé sur sa machine tous les thèmes possibles, le pointeur de souris est un calamar, le sablier une horloge comtoise, l’économiseur d’écran qui se déclenche toutes les minutes est un jeu de baston intergalactique avec force sifflements et explosions. Car il a bien évidemment une carte son. C’est indispensable pour reproduire le rire de Johnny Hallyday selon les Guignols de l’Info, rire qui accompagne les messages d’avertissement. Tout cela est un peu perturbant. Ayant de surcroit accès à l’Internet il a récupéré et installé tous les sharewares possibles, il n’y a plus aucune pièce d’origine sur sa machine, il a tout remplacé et il est seul à pouvoir s’en servir. Il est assez surprenant qu’il ne soit obligé de rebooter sa machine qu’une fois par heure. Je suis peut-être injuste envers PetitMou. À l’intérieur de tout grand logiciel il en existe plusieurs petits qui ne demandent qu’à sortir, là c’est la grande évasion, il suffit de coller l’oreille contre le boîtier pour les entendre se carapater. Tout ce joli monde doit se battre en permanence pour prendre le contrôle du système. C’est un cas désespéré. Je m’en sort lâchement en lui disant d’aller récupérer sur www.crap.com la dernière version de son anti-virus/gestionnaire de fichiers/explorateur/compacteur-/logiciel de sauvegarde/éditeur de textes/navigateur internet, et me tire vite fait sans toucher à la souris de peur de déclencher un Tchernobyl dans sa machine. Au suivant. Mardi 11 heures De retour dans mon bureau je constate le plantage d’un autre serveur NT, par solidarité avec le premier sans doute. L’instinct grégaire ou le début d’un mouvement de revendications. À surveiller. Autre coup de téléphone, en provenance d’une espèce bien particulière, la variété qui se shoote à la presse informatique, on ne dira jamais assez les ravages que cela peut provoquer. Stratège planétaire, il m’explique comment l’introduction de Java dans les entreprises va révolutionner la façon dont nous envisageons l’informatique. Comment Sun va bouffer Microsoft à condition qu’Oracle s’allie avec Apple et que Compaq ne vienne pas jouer les trouble-fête. Il me prédit la mort prochaine d’Intel victime de ses challengers, et écrasé sous son gigantisme. Au bout d’un moment atterré par toutes ces apocalypses à venir, je ne sais plus très bien où j’habite et c’est légèrement comateux que je raccroche en espérant ardemment que tout cela voudra bien patienter jusqu’à ma retraite. Mardi 13 heures Coup de téléphone angoissé en provenance d’une secrétaire : « Quand je lance mon Word avec un document que j’ai tapé hier, j’ai le message suivant : Cette application va s’arrêter car elle a effectué une opération non conforme ». Je suis tenté de lui répondre qu’il s’agit là d’un fonctionnement normal de l’application, mais je m’abstiens. Son désarroi est sincère et la perte de plusieurs heures de travail ne porte pas à rire. Bon en route vers de nouvelles aventures. Cette charmante personne au demeurant, appartient à la catégorie de ceux qui considèrent l’introduction de l’informatique dans leur quotidien comme une calamité. L’espèce de truc ronronnant qu’on lui a posé sur son bureau est pour elle, visiblement habité par un esprit hostile et rebelle à toute collaboration avec le genre humain. Elle a bien essayé de l’apprivoiser en le banalisant, en installant un pot de fleurs sur le boîtier et la photo de ses gosses sur l’écran, mais rien n’y fait, habité d’une vie propre il s’ingénie à lui pourrir l’existence. Elle serait je crois soulagée, si je suspendais des gousses d’ail et des crucifix au plafond et aspergeais sa machine d’eau bénite, c’est le côté chaman de la profession. À la vingtième tentative je réussis à charger son document sans déclencher l’infâmant message de vacances pour cause de non conformité des opérations effectuées par l’application, il s’agissait d’un tableau coupé par un saut de section, quelque chose de tellement grave selon Microsoft que cela méritait un plantage radical. Peut-être qu’une destruction totale de la machine aurait été plus approprié, je les trouve un peu laxistes ces temps-ci. Problème corrigé. Au suivant. Mardi 15 heures. De suivant il n’y en eu point ce jour-là, je terminais ma journée tranquillement entre deux reboot de serveur NT, et mes travaux sur la reconversion d’un Vax en calculette. J’en étais à la soustraction, je ne désespérais pas d’arriver à la division à l’horizon 2005. J’aurai certainement besoin de 512 mégas de mémoire vive supplémentaires pour l’implémenter, c’est le directeur financier qui va encore râler. C’est une certitude, demain amènera son nouveau lot de victimes. Si tous ces gens savaient qu’au fond je ne maîtrise guère plus qu’eux tout cela, que le métier est de bien peu de secours quand Word ou Excel ou que sais-je se bauge lamentablement, que le temps ou une entreprise vivait sur des applications maisons est définitivement révolu. Bah je fais comme si je dominais, c’est ce qu’ils attendent de moi, c’est le côté charlatan du métier. Et puis ils ont au moins quelqu’un d’identifié à engueuler. Quant à moi je m’endors tous les soirs en rêvant aux tortures que je ferais subir à Bill Gates s’il venait à me tomber sous la main. C’est le côté psychopathe du métier. (Jean-Denis Carretero) |
(récoltées sur le newsgroup fr.rec.arts.sf, 20 mars 1999 et après)
Le bug de minuit et quartHistoire proposée par : Yann MinhE-mail : Yminh@yannminh.com Site Web : http://www.yannminh.com Source : Mon frère directeur technique dans un gros groupe informatique qui l’a entendu d’un formateur en Suède Date : Années 80/90 Technologie : Indéterminée (Bull, Control Data, Digital ou IBM) Lieu : Indéterminé, peut-être la Suède. Vers la fin des années 80, un très gros site informatique organisé autour d’une même grosse unité centrale et connecté en réseau avec le monde entier, bug tous les dimanches entre minuit et minuit et quart. Un premier technicien de maintenance se rend sur les lieux, et, n’identifiant pas la raison de la panne, remplace toutes les cartes d’alimentation et fait changer la moquette qui n’était pas antistatique. La panne continue de se produire. Toujours entre minuit et minuit-et-quart, l’unité centrale plante. Avec une telle régularité, que le personnel a inscrit le bug dans la planification : Backup des fichiers et déconnexion volontaire des réseaux quelques minutes avant le quart d’heure fatidique. Un ingénieur est envoyé sur le
site. Il change l’unité
centrale, remonte le réseau électrique pour
vérifier
s’il n’y a pas de manipulations
particulières au niveau des
centrales
dans cette période. Il fait une enquête au niveau
de l’armée
pour vérifier si cela ne venait pas d’une
installation
militaire,du
genre radar ou émetteur très puissant.
Finalement on envoie un programmeur, et c’est lui qui trouvera la clef du mystère. - Il analyse la plupart des transmissions et des
opérations effectuées
par l’ordinateur. Sans succès. Mais, à force d’observer le personnel, il remarque le passage systématique d’un vieux veilleur de nuit manchot dans les couloirs quelques minutes avant le bug. Un soir, écoutant son intuition, le
programmeur suit le gardien.
Le vieil homme était un retraité qui ne venait
que le dimanche.
Dans son travail, il devait valider son passage dans les locaux en
insérant
une clef dans des boîtiers à des heures
précises.
L’histoire ne raconte pas si on a installé de la lumière ou si on a viré le vieil homme... à vous de choisir... ;-) Remarque :
Le sauvetageGenre : Vie et mort de l’électroniqueHistoire proposée par : Yann Minh E-mail : Yminh@yannminh.com Site Web : http://www.yannminh.com Source : Un technicien de maintenance dans l’électronique embarquée en Bretagne Date : Années 80 Technologie : Equipements électroniques et informatiques d’un chalutier Lieu : Le port de Keroman à Lorient en Bretagne Cela se passe dans le port de pêche de Lorient
en
Bretagne, au
début des années 80. Malheureusement un grand chalutier pour la pêche hauturière avait été oublié. La pauvre nef, prisonnière des filins trop serrés, s’était couchée, et avait embarqué suffisamment d’eau pour couler sur place. Comme résistant désespérément à son triste destin, l’énorme masse d’acier à moitié engloutie, restait accrochée aux amarres tendues à se rompre. Toute la population du port, dockers, marins, mareyeurs et armateurs, contemplait ce naufrage dérisoire à distance respectueuse, car dans une brutale contorsion serpentine, les câbles rompus risquaient de décapiter le téméraire. Les liens résistèrent et l’agonie du vaisseau s’éternisa dans une attente qui semblait ne jamais devoir finir. Un pompier se porta volontaire. Il tronçonna les filins meurtriers et s’en tira sain et sauf. Libéré de ses entraves, le chalutier sombra, ne laissant émerger que le sommet de ses superstructures, symboles funestes en ce lieu, que les marins regagnant le port feignaient ne pas voir. Quelques jours passèrent, le temps d’amener les puissantes grues qui extirperaient l’épave de son sépulcre marin. L’anecdote informatique commence avec l’entrée en scène de l’assurance. En effet la valeur des équipements de passerelle est loin d’être négligeable, et les assureurs tenaient à ce que tout soit fait pour sauver le maximum d’électronique embarquée. Tant que le bâtiment était submergé, le matériel restait intact. Mais dés qu’il retrouverait l’air libre, l’oxydation provoquée par le sel allait ravager les composants. Une stratégie spectaculaire fut mise en place pour sauver les milliers de petites puces prisonnières de la passerelle engloutie, chaque minute allait compter. Les pompiers, leurs réservoirs remplis d’eau douce, se préparèrent à asperger l’épave dès sa sortie des flots. De grands bacs remplis de fréon liquide furent installés sur le quai. Et les grues commencèrent à tracter lentement l’énorme carcasse hors des profondeurs. Armés de leurs outils les techniciens en maillot de bain, sautèrent sur les bordages à peine émergés, et se ruèrent vers la passerelle sous le jet puissant des lances à incendie. Rapidement, mais sans précipitation, ils arrachèrent les radars, les compas,les radios, les sonars et autres instruments de leurs logements, pour les lancer à leurs comparses postés le long du quai. Ceux-ci démontèrent les appareils dans les bacs de fréon, et, à l’aide de gros pinceaux frottèrent les cartes pour les débarrasser des résidus d’eau salée. Ils réussirent à sauver le tiers des équipements. L’électronique arrachée du naufrage pu reprendre sa petite vie électrique, et les techniciens gardèrent de ces journées une belle histoire à raconter à leurs petits enfants de l’ère informatique. Remarques : À la question de « pourquoi du fréon », le technicien m’a regardé d’un air égrillard, et m’a dit « Parce que c’est du pur »... ça n’oxyde pas ni ne dégrade les composants électroniques... Le bug de huit heures du matinGenre : Panne mystérieuse Un gros site informatique est installé au sommet d’une des tours des quais de Seine. Tous les matins à 8 heures, l’unité centrale bugge. Les techniciens ne trouvent pas la panne. On envoie les spécialistes. À cette époque, ce groupe de constructeurs informatique, qui ne veut pas être nommé pour des raisons commerciales, avait un département spécialisé dans l’étude des pannes exceptionnelles : quatre ingénieurs qu’on envoyait sur les sites lorsque le personnel technique traditionnel n’arrivait pas àrésoudre le problème. Après un certain nombre de tests et le remplacement en vain des équipements, un de ces supers enquêteurs remarqua que la panne se produisait avec une régularité astronomique. Le bug se déclenchait pile à 8 heures du matin, à la nanoseconde près. Cette révélation vertigineuse les plongea dans une perplexité elle aussi astronomique. Qu’est ce qui pouvait bien provoquer une panne,avec une précision à l’échelle de l’univers ? Et surtout à 8 heures du matin pile... Non ! je ne vais pas vous le dire comme ça, ce ne serait pas drôle... ;-) Cherchez un peu. Cette fois-ci ce n’est pas l’agent de sécurité ou la femme de ménage, car ils ne sont pas encore ajustés dans leurs activités avec une précision astronomique. Ce n’est pas le passage régulier d’un transport en commun extra-terrestre au-dessus de Paris, ou les vagues de particules lourdes d’un quasar lointain... car l’horaire est humain, et l’erreur informatique. La réponse était dans la localisation géographique du site, au sommet d’une tour des quais de Seine. Pile en face de... De quoi ? De La Tour Eiffel... Tous les matins à 8 heures, un émetteur très puissant installé au sommet de la tour Eiffel émet un faisceau d’onde pour remettre à l’heure des horloges réparties sur le territoire. L’unité centrale était installée pile dans l’axe d’émission principal de ce faisceau hertzien, légèrement plus puissant que ceux pour lesquels le matériel informatique est protégé... Il a suffi de renforcer la protection de l’unité centrale contre les émissions hertziennes pour faire disparaître la panne... Remarques : Imprimante lunatiqueDe : Alexis M. Une employée, lors d’une
intervention
chez un client, me fait
un signe discrètement. Je la suis dans son bureau et elle me fait asseoir,
sur son propre siège,
devant son écran. Elle ferme la porte, je me lève, et elle m’explique que son imprimante éjecte une page dès qu’elle arrive ou qu’elle quitte son écran. Évidemment, je souris et lui demande de me montrer. Elle s’assoit donc et l’imprimante éjecte une feuille blanche. Bon. Elle se lève, idem. Je m’assois, rien, me lève, rien. Elle s’assoit, pof ! se lève, pof. Puis, elle me demande une explication... Merde. On fait la même manip, mais sans asseoir, l’imprimante ne dit rien. L’employée déchaussée, l’imprimante imprime, etc. Je n’ai pas trouvé de raison raisonnable, mais l’employée était très satisfaite que je constate le problème, et surtout que je l’admette sans douter de sa raison. Quatrième fichierDe : Alexis M. Il s’agit d’un nom très connu, une marque de peinture. Périphérie nord de Paris. On va installer un boîtier permettant à un mini IBM 36 d’utiliser une imprimante à laser (à l’époque où ces imprimantes coûtaient 50 000 F pour les moins chères). On installe, on teste, les mains dans le cambouis virtuel des connexions bricolées entre matériels parfaitement incompatibles et conçus pour ça, pour finalement trouver une solution. Mais pour que ça fonctionne, il faut
saisir un fichier de quelques
lignes sur le mini, et envoyer ce fichier automatiquement lors de
chaque impression,
à travers le boîtier. On explique ça au
gars qui gère
l’IBM, LE responsable de LA machine. Je lui
tends la feuille ou j’avais écrit les codes
barbares : Dingue, non ? Il a fallu remuer un supérieur hiérarchique qui a fait de même à son tour, pour parvenir avec l’aide de trois ou quatre « décideurs » à convaincre le gars qu’un cinquième fichier sur son 36 était nécessaire. Souris lunatiqueDe : Laurent Lehman Allez, une autre du même niveau... Ça se passe en 91. Un comptable veut absolument rajouter une souris sur son vieux micro sous DOS. Il se commande sa souris tout seul comme un grand, je l’installe un matin, en son absence. Tout va bien. Il me téléphone dans la matinée : la souris ne marche pas. Je lui demande de vérifier ses connexions, c’est bien branché, mais ça ne marche toujours pas. J’y jette un ½il à midi, toujours en son absence : pas de problème. Rebelote l’après-midi : il se plaint que ça ne fonctionne toujours pas, et qu’il faudrait quand même que je m’occupe de son problème. Je passe le voir : il bougeait sa souris en l’air, verticalement, devant son écran ! Oh, et puis l’histoire du patron de PME qui était conscient que ses sauvegardes (sur disquette 51/4) étaient très importantes : il les archivait soigneusement dans son classeur... après les avoir perforées ! Traitement de texteDe : Thierry Schmidlin Dans les années 85-86, une
secrétaire reçoit un
PC, une imprimante et un superbe traitement de texte avec
prévisualisation
de page. Une formation appropriée d’une semaine
pour
l’utilisation
du tout. Après quelques semaines d’utilisation,
petit
debriefing pour
vérifier que tout va bien. (récit authentique, du pur vécu). Jo, ou la revanche du technikos
Ancien drogué accro à l’héroïne, Jo, s’était découvert une passion pour les ordinateurs et s’était reconverti dans la maintenance informatique. De ses années de dérives dans les paradis artificiels, il n’avait gardé que le flegme et la lenteur d’élocution propre aux anciens junkies, mais à part ça, rien dans son personnage ne révélait son passé tumultueux, et il avait troqué son perfecto et ses « tiags », contre ce strict « costard cravate » impeccable qu’il aurait renié quelques années plus tôt. Accréditée « confidentiel défense », sa société l’avait mandaté pour qu’il remette d’urgence en fonctionnement un gros système informatique dans un laboratoire de recherche militaire spécialisé dans le nucléaire. Sortant d’une réparation difficile, il était en retard de plusieurs heures, et l’après-midi était bien entamé. Les très coûteuses machines vendues par sa société équipaient des sites tellement « sensibles », que la moindre panne était une catastrophe qui mettait leurs utilisateurs dans un état proche de l’hystérie. Une fois passé le contrôle
pointilleux et presque maniaque
des cerbères de service, il fut accueilli par un chercheur
échevelé
au bord de l’apoplexie qui lui décrivit les
circonstances de
la panne
en mangeant la moitié de ses mots...
Fort de son flegme durement acquis par ses années de défonce, Jo passait les sas de sécurité en opinant de la tête machinalement, sans comprendre un traître mot de la litanie mathématique débitée par l’atomiste irrité. Mais le contenu global du message était limpide : le savant avait cassé le merveilleux outil en lui demandant un mystérieux effort calculatoire qui dépassait les capacités de la machine. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la pulsation froide des néons éclairant le nodal, il eut droit au bref instant de répit habituel : dans une forme de respect inconsciente, le vieil homme avait baissé le ton afin de ne pas profaner le sanctuaire du monstre informatique. Jo s’avança dans la fraîcheur sépulcrale de la nef dédiée au nouveau dieu des hommes. Résigné d’avance devant l’échec évident de cette ébauche de technicien, le chercheur désigna d’un geste las l’imposante armoire blindée de l’unité centrale, qui trônait au centre d’un labyrinthe rectiligne de silicone monolithique enrobé dans des cocons d’acier satiné. Convaincu que seul un génie pourrait guérir la puissante machine de son autisme soudain, l’illustre scientifique ruminait déjà ses récriminations à l’égard de l’incompétence des employeurs de Jo. Sans s’émouvoir outre mesure, Jo savait reconnaître cette agressivité à peine dissimulée de ses clients lorsqu’ils voyaient arriver ce petit bout de technicien, là où ils attendaient une armée d’ingénieurs. Ses deux années de pratique de la maintenance avaient donné à Jo une sorte de science intuitive et très pragmatique des pannes informatiques. Pendant que le savant recommençait son babillage occulte, s’efforçant de lui transmettre un soupçon de son incommensurable connaissance des arcanes de la science atomique, Jo ouvrit les baies de protection, et, d’un geste devenu machinal donna un coup de pied dans le bloc d’alimentation. Ce très irrévérencieux rappel à l’ordre eut pour effet immédiat de ressusciter le super calculateur. Dans le soudain ronflement sourd des disques magnétiques, le nodal résonna du mitraillement de dizaines de relais activés. Le mausolée reprenait vie. Satisfait d’avoir diagnostiqué la panne aussi vite, Jo observait attentivement les lignes de codes défilant sur les écrans, lorsqu’il se rendit compte que le chercheur était brutalement devenu silencieux. L’homme se tenait derrière lui la mine défaite et l’observait avec un mélange de stupéfaction teintée de suspicion. C’était comme si Jo était devenu le diable incarné. Il venait d’un simple geste anéantir les illusions du chercheur : convaincu d’avoir vaincu la machine dans une sorte de défi informationnel, l’ingénu savant n’arrivait pas à admettre que ce coup de pied dérisoire avait suffit à ranimer son rival électronique. Le savant bredouilla quelques mots, et retourna dépité terminer la mise au point de ses bombes atomiques. Tout en changeant les blocs d’alimentation, Jo se sentait malgré tout un peu coupable. Il aurait peut-être dû expliquer au vieux génie qu’en général, ce qui tombait en panne en premier sur ce type de machine c’était l’alimentation, et que son coup de pied n’était qu’une sorte de diagnostique. Empirique certe, mais souvent efficace. Remarque: LimiteDe : Éric Gerbier Une histoire vécue, en 1986, sur un mini d’une célèbre boîte française (chez qui les administrations étaient alors obligées d’acheter, quels que soit les qualités et les défauts). Un jour où tout marchait (trop :) ) bien, on se met à lire la doc d’administration, et on découvre un paramètre permettant de limiter la durée des connexions interactives (très « coûteuses » par rapport au batch) des usagers. Le principe était simple :
Aussitôt lu, aussitôt
fait ! et hop la session en cours disparaît. Au fait
sur quel user on était là ?
Impossible de redémarrer la machine : il fallait être administrateur pour cela, il a fallu repartir d’une sauvegarde ... SNCFDe : Anonyme (trouvé sur le net) Ça se passe au service informatique de la SNCF. Là, ils utilisent des machines Bull ancestrales, des DPS6. Un matin, les personnes travaillant sur ces machines constatent que pendant la nuit, une d’entre elles a rebooté. Et cela se produisait plusieurs fois par semaine. Ils étaient loin d’imaginer pourquoi la machine était réinitialisée la nuit : la femme de ménage devant nettoyer les bureaux, débranchait le DPS6 pour brancher son aspirateur. Ben oui, quoi, la nuit y’a personne qui travaille. |
Bombardement par mailDans une grande banque parisienne, les mails arrivaient sur une machine VAX-VMS dans une DMZ et étaient récupérés par FTP. Un fichier systématiquement écrasé à chaque récupération listait le messages à récupérer. Les récupérations se faisaient toutes les 10 minutes. Cela a marché parfaitement un peu plus d’une année. Puis un beau jour... 2500 messages dans ma boîte et cela empirait de plus en plus. Les mêmes messages se répétaient plusieurs dizaines de fois. Spam ? Non ! Simplement, sous VMS, un index donne la version du fichier et un fichier n’est pas écrasé mais est remplacé par un autre fichier dont l’index a évolué. Cet index a une valeur limite, 64K. Arrivé là, le fichier n’est plus écrasé. D’où la progression exponentielle du nombre des messages. (merci à JR Cuvellier) Machine obscèneClient : (avec
l’accent du sud)
« Bonjour monsieur, vous êtes
mon dernier espoir, je ne sais plus quoi faire. |
True MS tech support story(de : Checkered Daemon ; trouvé sur Slashdot, 27 avril 2001, traduit par votre serviteur) Un jour je travaillai à faire marcher l’Accès Réseau à Distance de Windows. Après bien trop d’essais, j’ai finalement eu l’autorisation de claquer 200 $ pour appeler le support technique de Microsoft. Je pouvais composer le numéro mais n’arrivais pas à lancer et afficher l’application à distance. Microsoft se connecte à ce moment. MS : « Pouvez-vous
nous donner un répertoire partagé
que nous pouvons tenter de mapper ? Ma mâchoire m’a fait mal pendant deux jours après avoir heurté le sol si violemment . My MS Access support call(par scotchie, Slashdot, 27 avril 2001, traduit par votre serviteur) Le problème était que ma base MS Access était corrompue. À chaque fois que je tentais de lancer un certain rapport, Access plantait. Malheureusement, j’avais passé plus d’une semaine à créer ce rapport, et je voulais récupérer autant de mon travail que possible. J’appelle le support MS, passe quelques minutes à progresser à travers leur forêt téléphonique, puis attends environ 20 minutes. Moi : « Ma
base Access est corrompue. Access crashe à chaque
fois que j’essaie de lancer un certain rapport. Je voudrais
récupérer
autant de mon rapport que possible. Souris trop courte(De Sylvie Bellocq)
Divers(Sources variées) Un client nous téléphone. Son PC avait été touché par une surtension causée par un éclair. Nous lui avons demandé pourquoi il n’avait pas éteint sa machine au début de l’orage. « J’allais le faire,
répondit-il, mais ça disait “Veuillez
patienter
pendant l’arrêt de Windows” ». |
Histoire diffusée sur la Murphypro en novembre 1999 ; il vaut mieux pour le responsable qu’il reste anonyme ;-)
Par une belle journée, heu non, en fait cela commence un soir... 19 h / 19 h 30
8 h Détail n° 1 : M. Truc est à 70 km de chez moi et à 60 km du bureau. 8 h 20 9 h 55 Détail n°2 : M. Truc a un ordinateur mini-tour (donc avec seulement deux emplacements pour des extensions) et chaque emplacement est rempli avec un tiroir amovible pour deux disques dur. Donc pas de CD-ROM... glups. M. Truc : « Biiiiip
m’avait dit que vous deviez venir avec un lecteur
de CD-Rom portable et adaptable à ma machine, car comme vous
le voyez,
je n’ai PLUS de lecteur de CD... 10 h 25 Détail n°3 : Le chemin emprunté passe par un tunnel à péage. Arrivé au péage, je
m’aperçois que je n’ai pas assez
de liquide pour payer. 12 h 20 13H10 Détail n°3 : Le CD de Krosoft que j’ai contient bien IE5, mais pour Windows 95, 98 voire NT 4, mais pas pour Windows 3.11. M. Truc me dit : « J’avais
reçu ce CD de Wanamou il y a quelques
années...» Ouf sauvé, le CD contient
bien une version 3 d’IE
compatible avec Windows 3.11 (Murphy m’a
raté ce
coup ci...). Détail n°4 : Il y a aujourd’hui, au bureau, une formation Internet qui utilise les paramètres que j’ai précédemment configuré chez mon client. 14 h 20 15 h 10 17 h 20 19 h 30 |
Il existe
ici un article (en anglais) sur la vie d’une
boîte
de hotline. Des commentaires et
d’autres anecdotes sur les hotliners se trouvent dans des articles
de Slashdot de décembre 2000 ou août
2005, ou novembre 2005.
En général, les
traductions de l’anglais sont de moi-même.