Ce grand classique a 140 ans, mais se lit encore bien. Stylistiquement, il faudra être miséricordieux, on est très loin de Balzac ou encore de Zola, mais après tout c’est aussi le style de l’époque. Les péripéties ne dépareraient pas un film hollywoodien finalement.

J’adore ces livres qui sont la marque d’une époque, de notre civilisation mais avec un parfum d’étrangeté, de mentalité différente. Je passe vite sur le colonialisme (les indigènes indiens et indiens des deux continents rencontrés sont surtout des barbares), le sexisme (la jolie princesse, personnage en fait à peine ébauché, tombe amoureuse de son sauveur), le paternalisme (Passepartout est un serviteur modèle qui admire son patron sévère-mais-juste), et des pointes de chauvinisme (quelques « cocoricos » sur des réalisations françaises parsèment le livre, bien que Verne ait choisi un héros anglais et qu’il admire manifestement sa nation).

Jules Verne n’exploite pas non plus vraiment la « couleur locale » à part peut-être en Inde (le sauvetage de la belle) et en Amérique (l’attaque du train). Il est vrai que Phileas Fogg d’une part préfère le bateau, peu propice au tourisme, d’autre part fait partie de ces gens « qui font visiter les pays où ils passent par leur serviteur » — un rien énervant pour nos mentalités.

En fait ce qui m’a le plus frappé est le vocabulaire : bank-note, steamer (bateau à vapeur), railroad ou railway pour le train, hautes technologies de l’époque venues d’Angleterre ou d’Amérique. Une leçon pour notre propre futur qui se purgera de quelques abominations actuelles de franglais ?

Je me disais au départ que c’était un peu tôt pour le donner au fiston, à cause du vocabulaire notamment, mais on va tenter l’expérience. (Ajout postérieur : C’est raté, ça plaît pas.)